Prix Jeune Chercheur 2015

Le premier prix Jeune Chercheur de l'ARSLA a été remis à :
Sina Sangari, pour ses travaux sur les atteintes sensori-motrices
chez les patients atteints de SLA.

Quel est votre parcours ?

Au cours de mes deux années de préparation au concours de médecine, j’ai développé un grand intérêt pour la physiologie humaine, et un intérêt plus marqué pour la compréhension des mécanismes physiopathologiques et la recherche de thérapie pour son application médicale.

Quel est le sujet de votre thèse ?

Ma thèse, co-supervisée par Véronique MARCHAND-PAUVERT et Pierre-François PRADAT, est focalisée sur « l’étude des atteintes sensori-motrices chez les patients atteints de la Sclérose Latérale Amyotrophique ».
Il est communément admis que la SLA est une maladie purement motrice, excluant toute atteinte sensitive du diagnostic. Mais des preuves cliniques, infracliniques et anatomiques d’une atteinte sensitive ont été apportées dans le modèle murin de la SLA ainsi que chez des patients au stade tardif de la maladie. Récemment, Cohen-Adad et al. 2012 ont apporté des preuves anatomiques d’atteinte des cordons postérieurs chez des patients SLA au stade précoce du diagnostic, signe d’une atteinte sensitive infraclinique. Ce résultat inattendu appuie l’hypothèse d’une dégénérescence précoce des voies sensitives, démarrant à un stade pré-symptomatique.

L’objectif de la première partie de ma thèse a été de confirmer et de caractériser l’atteinte sensitive au niveau spinal et cérébral chez des patients SLA à un stade peu évolué de la maladie, en couplant pour la première fois l’imagerie et l’électrophysiologie indirecte chez l’homme.

Puisqu’il n’est pas possible d’étudier les patients SLA à un stade présymptomatique comme les modèles animaux de SLA, l’originalité de mon projet de recherche est de se focaliser sur des muscles cliniquement non atteints dont les motoneurones reçoivent probablement des influx anormaux provenant de muscles cliniquement atteints. Mon hypothèse de travail est que des influx sensitifs anormaux issus de muscles atteints puissent contribuer à la propagation de la maladie et à la mort des neurones moteurs. L’approche multimodale a révélé à l’étage médullaire des données anormales en électrophysiologie et à l’IRM, concomitantes chez les patients. La corrélation entre les métriques anatomiques et l’amplitude des potentiels évoqués somesthésiques (PES) recueillis à la périphérie, confirme qu’il existe une atteinte anatomique et fonctionnelle des voies sensitives chez les patients SLA alors que ces patients ne manifestaient pas de troubles sensitifs avérés sur le plan clinique. Ces données font l’objet d’une publication originale publiée en 2015 dans la revue BMJ open dont je suis co-premier auteur.

La seconde partie de ma thèse vise à étudier, chez des patients SLA présentant une atteinte distale uniquement, les intégrations sensori-motrices mettant en jeu les interneurones spinaux qui s’intercalent entre les afférences sensitives et les motoneurones. Ce projet est financé par l’ARSLA et l’AFM-Téléthon.

Les résultats préliminaires  acquis sur 15 patients SLA suggèrent l’absence de modification d’activité des interneurones au niveau cervical, alors qu’au niveau lombaire les interneurones excitateurs semblent être hyperactifs probablement en lien à une réduction  de  leur  inhibition.

Pourquoi avoir candidaté au Prix Jeune Chercheur de l’ARSLA ?

Mon acte de candidature au prix  jeune  chercheur SLA de l’ARSLA constitue une opportunité qui me permettra d’une part de financer quelques mois supplémentaires pour ma thèse, après la fin de mon financement ministériel, afin de finaliser mon projet de recherche et d’autre part, de faciliter mon installation et le début de mon post-doctorat à Boston, dans un laboratoire spécialisé dans la production de cellules souches pluripotentes induites (iPSC) en motoneurones à partir de cellules épidermiques  prélevées sur des patients SLA.