L’étude PHOENIX de phase 3 de la molécule AMX0035 ne confirme pas l’efficacité observée dans l’étude de phase 2

8 mars 2024

Pr Claude Desnuelle – Vice-Président ARSLA

Le laboratoire Amylyx publie le 8 mars 2024 un communiqué indiquant que les résultats de l’étude de phase 3 PHOENIX (NCT05021536) pour la molécule AMX0035 (ou Relyvrio) proposée dans le traitement de la SLA sont négatifs. Contrairement à ce qui avait été observé dans l’étude de phase 2 CENTAUR (NCT03127514), le suivi du score de l’échelle fonctionnelle ALSFRS-R, critère principal d’efficacité évaluant la vitesse évolutive de la maladie, ne montre pas sur la cohorte de 630 malades étudiés après 48 semaines de traitement, de diminution statistiquement significative pour le groupe traité comparé au groupe placebo. Notons que méthodologiquement parlant, cette étude phase 3 a une puissance statistique supérieure à l’étude de phase 2 qui n’avait porté que sur 137 malades. Les études phase 2 portent généralement dans le cadre de la SLA sur 80 à 200 malades, alors que les études phase 3 recrutent 700 à 1200 malades. Au cours des 20 dernières années, plus de 50 molécules différentes ont été testées comme traitement de la SLA. Dans près de 10% des cas, la phase 2 des études s’est avérée positive avant que la phase 3 n’infirme les résultats. C’est bien ce qui justifie que les agences de santé, chargées d’évaluer l’efficacité et la tolérance des médicaments, exigent la réalisation d’une étude de phase 3 avant de se prononcer sur une autorisation de mise sur le marché (AMM). La puissance statistique de l’étude est fonction du nombre de sujets étudiés.

Le profil des malades étudiés diffère légèrement entre les 2 études, ceux recrutés dans la phase 3 ayant une durée d’évolution potentiellement plus longue (inclusion possible jusqu’à 24 mois dans la phase 3, limitée 18 mois dans la phase 2), et spontanément une vitesse évolutive moindre puisque dans la phase 3 étaient recrutés des malades ayant une SLA définie (3 territoires atteints, membre supérieurs, membres inférieurs et région bulbaire) ou probable (2 territoires atteints), alors que dans la phase 2 seul les critères de SLA définie étaient admis.

Cette étude de phase 3 confirme néanmoins la bonne tolérance du médicament.

Cette annonce fait retomber les espoirs qui avaient émergé d’avoir un nouveau traitement utilisable dans la SLA à tel point que la molécule était commercialisée en Amérique du Nord et accessible en France depuis quelques mois de façon restreinte par une procédure d’accès compassionnel. Pour le moment, aucun communiqué n’a été fait quant au devenir de ces accès, des informations complémentaires doivent être données par le laboratoire sur les analyses complètes de l’étude d’ici juin prochain. A ce jour, en France, les conditions d’accès à la procédure dérogatoire restent inchangées (voir communiqué ARSLA 5 octobre 2023).